Pervers narcissiques : comprendre pour se libérer

« Les manipulateurs veulent vous contrôler, non parce qu’ils vous aiment, mais parce qu’ils ont besoin de se sentir supérieurs. »
— Jean-Charles Bouchoux, Les pervers narcissiques (2010)

Définition clinique et psychologique

Le terme “pervers narcissique”, popularisé en France notamment par le psychanalyste Paul-Claude Racamier dans les années 1980, désigne une structure pathologique de personnalité où le narcissisme est détourné vers la manipulation de l’autre dans une logique de destruction psychique.

Selon Racamier (Le Génie des origines, 1992), le pervers narcissique est une personne qui “jouit de détruire l’autre psychiquement, tout en dissimulant ses intentions sous un masque socialement acceptable.”

Ce profil ne figure pas tel quel dans les classifications psychiatriques internationales comme le DSM-5, mais il se rapproche du trouble de la personnalité narcissique (TPN), auquel s’ajoute une dimension perverse caractérisée par une jouissance à contrôler et détruire psychiquement l’autre.


Les signes caractéristiques

D’après le travail de Marie-France Hirigoyen, psychiatre et auteur du best-seller Le harcèlement moral (1998), plusieurs comportements permettent d’identifier un pervers narcissique :

  • La manipulation constante, souvent subtile, pour faire douter l’autre.
  • L’absence d’empathie réelle, bien que parfois simulée.
  • L’art de retourner la culpabilité sur la victime.
  • La dévalorisation progressive, alternant avec des moments de séduction ou de reconnaissance (aussi appelé « renforcement intermittent »).
  • L’isolement progressif de la victime, coupée de ses repères affectifs et sociaux.

« Le manipulateur agit à bas bruit, par insinuations, silences et paradoxes. Il pousse l’autre à douter de lui-même jusqu’à la confusion mentale. »
— Marie-France Hirigoyen, Le harcèlement moral (1998)


Pourquoi est-ce si difficile de s’en détacher ?

Le pervers narcissique s’adresse souvent à des personnes sensibles, empathiques, avec un désir profond d’aimer ou d’aider. Ce profil est donc particulièrement vulnérable à l’emprise psychique.

Les mécanismes psychologiques à l’œuvre incluent :

  • Le gaslighting (terme issu du film Gaslight, 1944) : faire douter la victime de sa perception de la réalité.
  • La dépendance affective : le lien se transforme en addiction émotionnelle.
  • La honte : la victime s’accuse elle-même de “ne pas être à la hauteur”.

Le psychanalyste Christophe André parle de “capture narcissique” : la victime perd peu à peu ses repères identitaires et relationnels, jusqu’à croire qu’elle mérite ce qu’elle vit.


Se libérer de l’emprise

« Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. »
— Friedrich Hölderlin, Patmos, 1803

Briser le lien toxique avec un pervers narcissique nécessite une prise de conscience progressive, parfois douloureuse mais salvatrice.

Les étapes essentielles sont :

  • Nommer ce que l’on vit, mettre des mots sur l’emprise.
  • Se réapproprier son identité et sa valeur personnelle.
  • Être accompagné : par un thérapeute, un groupe de soutien ou des proches bienveillants.
  • Couper le contact, dans les cas les plus graves (on parle alors de “no contact”).

Comme l’explique Isabelle Nazare-Aga, spécialiste des manipulateurs :

« On ne gagne jamais contre un manipulateur. On gagne en partant. »
Les manipulateurs sont parmi nous, 2000


Mon approche en tant que thérapeute

Je ne propose pas de “lutter contre” le pervers narcissique — car ce combat est sans fin. Je propose plutôt un chemin pour se retrouver, se réparer et reprendre sa souveraineté intérieure.

Ma démarche s’inscrit dans une écoute profonde, respectueuse de votre rythme. Elle s’inspire de la psychologie analytique de Jung, de l’approche existentielle, mais aussi de mon propre chemin de reconstruction.

Sortir de l’emprise, c’est aussi se reconnecter à quelque chose de plus grand en soi : la capacité de choisir, de poser ses limites, et de redevenir acteur de sa vie.


« Le mal n’a de pouvoir que si nous ignorons sa présence en nous ou chez l’autre. La conscience est notre meilleure protection. »
— Carl Gustav Jung, Psychologie et religion, 1940